Association Alianza Mar y Tierra

Une association de préservation des coraux: Alianza Mar Y Tierra

La crise sanitaire et économique du COVID-19 a affecté le tourisme plus que n’importe quel autre secteur et pour le Costa Rica les répercussions de l’arrêt de cette activité ont été graves. Du jour au lendemain des milliers d’habitants se sont retrouvés sans emploi et sans aucune sécurité financière. Les experts se sont accordés pour dire que le tourisme devait se réinventer. Récupérer le modèle touristique pré-COVID-19 ne suffisait pas. Non seulement parce que les attitudes des consommateurs pouvaient changer, mais aussi parce que la pandémie a montré que les effets de la mondialisation, avec les flux de personnes, accélérait la propagation des virus. Le tourisme tel qu’il fonctionnait avant la pandémie n’était plus viable et il a fallu penser à le reconstruire sur des bases plus durables et plus respectueuses des communautés réceptrices et de l’environnement. 

Sur la côte pacifique de la province de Guanacaste (comme dans beaucoup d’autres zones) le tourisme faisait vivre la majorité des habitants, alors ils ont dû inventer des stratégies pour mettre en place de nouveaux projets. C’est dans ce contexte qu’est née l’association Alianza Mar y Tierra ; cette initiative citoyenne réunit des résidents de Playas del Coco et Playa Ocotal dans le but de créer des projets de conservation, de gestion et de restauration d’espèces marines et terrestres. L’association souhaite développer une science ouverte et citoyenne qui servirait de base à la conception, au soutien et à la mise en œuvre d’actions pour la restauration des écosystèmes.

De plus, Alianza Mar y Tierra veut promouvoir une gouvernance environnementale dans les différents territoires de la zone. 

L’association est à l’origine de plusieurs actions : 

• le nettoyage de Playa Ocotal et des fond marins
• la plantation d’arbres tels que les amandiers, les capulins et les arbousiers
• le nettoyage de la route qui mène de Playas del Coco à Playa Ocotal 
• l’instauration d’un programme d’éducation à l’environnement dans les écoles et collèges de la région
• ainsi qu’un programme de restauration de coraux à Playa Ocotal.

Ce programme de restauration de coraux est élaboré en partenariat avec l’Université Nationale du Costa Rica et le centre scientifique CIMAR. Maria José Solano, étudiante en biologie marine dans ce laboratoire, est actuellement en train d’y effectuer sa recherche. Son mémoire est intitulé : Restauration du récif d’Ocotal : science ouverte pour la restauration des écosystèmes et suivi écologique du récif coralien d’Ocotal et de la baie des couleuvres. 

Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), on estime qu’à ce rythme, d’ici 2050, le changement climatique entraînera la disparition de 70 à 90 % des coraux. La situation est donc préoccupante, il est urgent d’agir et  les citoyens de la zone se sont constitués en association pour mettre en place ce programme de restauration. 

Mais l’activité humaine affecte directement ces récifs et les causes de leur dégradation sont nombreuses et variées : 

– l’augmentation des températures, le réchauffement de la planète

– la mauvaise gestion des déchets

– l’utilisation de produits agrochimiques qui se déversent dans les rivières et la mer

– le déversement d’eaux usées sans traitement préalable

– le tourisme excessif sans aucune réglementation

– la mauvaise pratique des activités aquatiques.

La restauration des coraux d’Ocotal est donc d’une grande importance environnementale. Cette pouponnière de coraux, comme on l’appelle, est constituée de 60 structures métalliques en forme d’araignées. La première étape consiste à collecter des fragments de coraux en les replantant sur les structures. Ensuite, il faut les nettoyer tous les quinze jours pendant plusieurs mois. Quand les coraux ont finalement atteint leur maturité, ils peuvent être réintroduits sur le récif dégradé.

Alors, depuis maintenant presque un an (avril 2023), un groupe de citoyens volontaires du village vient tous les quinze jours pour entretenir les structures et s’assurer de la bonne croissance des coraux. On peut lire dans le regard de ces habitants leur émotion et émerveillement de voir ces petites bêtes pousser. Beatriz – instructrice de plongée espagnole vivant à Playas del Coco depuis quelques mois –  a participé à de nombreux projets de ce type dans d’autres zones du monde comme en Thaïlande et en Espagne. Quand on l’écoute parler on se rend compte à quel point les coraux sont précieux pour nos écosystèmes et pour la survie des espèces.

Luna, une des cofondatrices de l’association jongle entre son emploi de conservation de tortues de la plage de Matapalo et son nouveau rôle de gérante d’une ONG avec Alianza Mar y Tierra. L’association grandit et met en place des partenariats ; elle peut maintenant compter sur l’aide de centres de plongée locaux pour le prêt du matériel et de La Croix Rouge costaricienne (les sauveteurs plongeurs) pour leur prêter main forte. Le projet n’est plus seulement pour les citoyens de la zone mais bien pour tout le monde !

Et oui, les touristes en vacances dans la région peuvent venir rencontrer les fondateurs de l’association et passer une journée avec eux pour comprendre plus en détail le processus de restauration et surtout aider au développement de cette pouponnière. Dépendamment de la période et des recommandations du centre de recherche CIMAR, les vacanciers peuvent venir replanter des fragments de coraux et s’assurer de leur entretien régulier en plongée ou en masque et tuba. 

Cette initiative citoyenne apparue d’abord comme une alternative au tourisme pendant la pandémie est finalement devenue aujourd’hui un moyen d’allier la préservation des écosystèmes à ses vacances. L’impact environnemental et social de chaque voyageur compte et c’est notre responsabilité à toutes et tous de voir de quelle manière on peut contribuer au développement positif d’un tourisme intégral, respectueux des zones que l’on visite.