Bicentenaire de l’Annexion de Nicoya

Si jamais vous êtes au Costa Rica et écoutez la phrase « De la Patria por nuestra Voluntad« , souvenez-vous qu’elle a une résonance profonde dans l’histoire costaricienne depuis deux siècles, notamment dans le contexte de l’annexion de Guanacaste. Cette phrase reflète le désir et la volonté des habitants de Guanacaste d’appartenir au Costa Rica.

L’annexion de Guanacaste est un événement fondamental pour l’identité nationale du Costa Rica. Elle a permit aux citoyens de mieux comprendre comment le pays s’est formé tout en valorisant la diversité culturelle « tica ». Cette année, en 2024 on célèbre le bicentenaire de l’union de Guanacaste au Costa Rica.

Contexte Historique

Au XIXe siècle, l’Amérique Centrale traversait une période de réorganisation politique et territoriale après l’indépendance de ces pays à l’Espagne en 1821. À cette époque, le territoire que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Guanacaste (comprenant Nicoya, Santa Cruz et Liberia) faisait partie du Nicaragua et s’appelait le Parti de Nicoya. Le terme « parti » était utilisé à l’époque coloniale pour désigner une partie du territoire qui appartenait à une province plus grande, similaire à ce que nous appelons aujourd’hui un district.

Le Parti de Nicoya fonctionnait comme une unité administrative avec une certaine autonomie locale dans la prise de décisions, mais elle restait sous la juridiction des autorités coloniales du Nicaragua. À ce moment-là, la région avait une économie basée sur l’agriculture, l’élevage du bétail et le commerce et ses habitants maintenaient des relations commerciales et sociales étroites avec le Nicaragua et le Costa Rica.

Au fil du temps, les liens avec le Costa Rica se sont renforcés en raison de la proximité géographique et des routes commerciales qui reliaient Nicoya à la vallée centrale du Costa Rica.

Le lieu où se trouve actuellement la Municipalité de Nicoya fut l’espace où a été signé l’acte d’annexion du Parti de Nicoya au Costa Rica le 25 juillet 1824 (Photographie La voix de Guanacaste).

L’Annexion de 1824, un événement important pour le Costa Rica

En 1824, avec le soutien du Premier chef d’État du Costa Rica, Juan Mora Fernández, les citoyens de Nicoya ont tenu un cabildo ouvert (une assemblée locale) ou des thématiques d’intérêt communautaire furent discutés. Le 25 juillet du 1824, les habitants de Nicoya décidèrent de manière libre et démocratique de s’annexer au Costa Rica avec comme devise: La Patria Por Nuestra Volontad / De la patrie à notre volonté.

Cette décision fut prise de manière démocratique et reflétait le désir des habitants d’améliorer leurs conditions économiques, sociales et politiques.

Développement Économique

Sur le plan économique, le Costa Rica offrait de meilleures opportunités d’échanges et de commerce. Le pays avait une économie en croissance et une administration plus stable, ce qui était attractif pour les habitants du Parti de Nicoya qui étaient en quête de prospérité financière pour leur région. L’économie de Nicoya était orientée vers l’agriculture et l’élevage du bétail qui étaient des  secteurs qui trouvaient un marché plus favorable au Costa Rica. De plus, les routes commerciales établies facilitaient le commerce et les transactions économiques entre Nicoya et les principales villes costariciennes.

Sabaneros sur leurs montures © DR

Stabilité Politique

Après son indépendance (1821), le Nicaragua traversa une période de conflits internes et de disputes, tandis que le Costa Rica jouissait d’un environnement politique plus calme. En comparaison avec le Nicaragua, le Costa Rica offrait une plus grande stabilité politique, un environnement plus sûr et prévisible pour les affaires et la vie quotidienne des habitants de Nicoya.

Juan Mora Fernández, Premier chef l’État du Costa Rica, intègre officiellement le Parti de Nicoya à la nation costaricaine en promouvant des politiques qui ont facilitent l’intégration économique et sociale de Guanacaste.

Richesse Sociale et Culturelle

Avant et après l’annexion de Nicoya, il y a toujours eu un fort sentiment  de connexion culturelle entre les deux populations. Les relations sociales et commerciales avec le Costa Rica étaient déjà solides  et s’amélioraient chaque année, créant des liens forts entre les familles des deux côtés de la frontière. De plus, la proximité géographique facilitait l’interaction sociale et culturelle entre les deux régions, rendant l’annexion facile.

La province de Guanacaste enrichit le Costa Rica grâce à son patrimoine culturel, notamment avec la musique, les danses et les festivals. La mise en valeur de cette diversité culturelle sur la scène internationale a attiré l’attention du monde entier sur le Costa Rica comme étant un pays au fort patrimoine culturel matériel et immatériel. Des événements tels que le festival de l’Annexion et la musique typique du Guanacaste (comme l’utilisation du marimba) sont devenus des symboles culturels reconnus.

Casa Presidencial

200 ans après l’Annexion: La route du développement

Le Costa Rica a connu une série de changements et de développements qui ont défini l’identité costaricienne. Par exemple, le pays a consolidé son économie basée sur l’élevage du bétail et l’agriculture et la production de cultures comme le maïs, le riz et les haricots s’est étendue, grâce au climat favorables et aux terres fertiles. Par ailleurs, l’exportation de produits agricoles à l’étranger a permis une plus grande ouverture commerciale, ce qui a contribué à la croissance de la région pour le développement des transports et des services. La construction de routes a amélioré la connectivité entre Guanacaste et le reste du Costa Rica, facilitant le commerce international, le transport et les échanges culturels.

De nos jours, Guanacaste est une province emblématique du pays. Le tourisme écologique, l’agriculture, les plages et la production d’énergies font de cet endroit une zone très importante pour le pays. De plus, cette région abrite trois volcans actifs impressionnants : le Rincón de la Vieja, avec sa faune remarquable, le Tenorio, avec son fameux fleuve le « Rio Celeste », et le volcan Miravalles.

La péninsule de Nicoya : La zone bleue du Costa Rica

Les régions du monde où la longévité des habitants est supérieure à la moyenne sont appelées des zones bleues. Dans le monde, cinq zones bleues ont été identifiées, avec des caractéristiques spécifiques locales et l’une d’entre elles est la péninsule de Nicoya. La qualité de vie dans cette région est supérieure à celle des autres zones bleues de la planète.

Le projet « Étude de la longévité et du vieillissement en bonne santé » (Creles) de l’UCR a confirmé en 2004 que la péninsule de Nicoya est une région de haute longévité dans le monde. Don Benerando López García, 100 ans, habitant de Terciopelo de Sámara, en est un exemple. Photo: Georgina Gómez, projet Ucrea UCR.

Les populations des zones bleues partagent des facteurs tels qu’une bonne santé physique et mentale, une alimentation saine, le respect de l’unité familiale, une mobilité constante et un but dans la vie. Ces facteurs sont également présents dans les quatre autres zones bleues du monde, selon des experts qui ont participé à la Rencontre Mondiale à Nicoya en novembre 2017.

Blue Zones Nicoya

Bicentenaire

Dans le contexte du bicentenaire de l’Annexion , connaître l’histoire et la signification de la phrase « De la Patria por nuestra Voluntad » permet une célébration plus significative et profonde. C’est une façon de reconnaître et d’honorer la contribution de la région de Guanacaste dans le pays, en célébrant sa culture, son histoire et le rôle crucial qu’elle a joué dans la formation de la nation.

Cet événement historique inspire les générations actuelles et leur rappelle l’importance de la participation citoyenne et des décisions collectives pour la construction d’une nation libre.

Bien que ce soit un événement à caractère local, la décision du Parti de Nicoya de s’annexer au Costa Rica est un exemple notable d’autodétermination et d’exercice démocratique. Cet acte de volonté souveraine résonne dans l’histoire des nations qui cherchent à être maitres de leur propre destin de manière pacifique et démocratique.

Article  traduit de l’espagnol par Clara Malbos